Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Fertilisation
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⇒ Il est facile de tricher en agriculture biologique.
Il est très facile de tricher en agriculture biologique ; voici un exemple :
En agriculture biologique, il est interdit d’utiliser des engrais minéraux fabriqués par des industriels. Les engrais azotés industriels contiennent de l’urée ou de l’ammonitrate. Or, ces deux substances sont également présentes dans les fumiers utilisés en agriculture biologique (l’urée est une substance naturelle présente dans l’urine des animaux de ferme).
Rien de plus simple que d’épandre discrètement de l’urée ou de l’ammonitrate industriel dans un champ cultivé en bio, ou de l’introduire dans des composts. L’urée est très soluble et les granules disparaissent immédiatement après un arrosage. L'urée perlée introduite dans un arrosoir et que l'on trouve facilement sur des sites internet et coopératives agricoles se dissout aussi vite que du sel de cuisine ou du sucre. En outre, il est incolore.
Si l’agriculteur se débrouille bien pour cacher ses réserves d’engrais minéraux et la facture d'achat, n’importe quel contrôleur qui aurait l'idée de faire un prélèvement du sol, ne peut retrouver l’origine de l’azote. Il est intéressant de savoir que le label Agriculture Biologique (AB) et eurofeuille (label bio européen) autorisent des fermes à produire du bio et du non-bio pour certaines cultures (la filière biocohérence est pratiquement la seule à interdire cette mixité). C’est aussi vrai pour le potassium et le phosphore également présent dans les fumiers et composts qui peuvent être introduits discrètement sous la forme d’engrais minéraux solubles dans des parcelles cultivées en bio. Et comme il n’y a pas de contrôleur présent tous les jours 24h sur 24 dans chaque ferme bio pour pister les faits et gestes de l'agriculteur et/ou de ses collaborateurs, la suite se devine facilement.
La filière bio est protégée par une homologation. Mais cette dernière est effectuée par un organisme certificateur privé. Certains organismes certificateurs refusent de délivrer des certifications quand l’exploitation présente un risque trop fort de fraude ou de contamination provenant de la proximité d’exploitations conventionnelles. Dans ce cas, un agriculteur bio peut recruter un autre organisme. Il existe en France 9 organismes accrédités. Les frais sont supportés par l’exploitant et celui-ci est libre de choisir son OC.
Les professionnels de la filière bio ne peuvent pas garantir de vendre des produits totalement exempts de résidus de pesticides de synthèse sous prétexte que leurs surfaces sont encore trop petites et qu’elles sont sujettes à des pollutions provenant de parcelles voisines non bio. Des analyses de laboratoire peuvent donc révéler des traces de pesticides de synthèse dans les produits bio. Qui peut vraiment certifier que des pesticides de synthèse n’ont pas été discrètement utilisés dans des surfaces bios de manière à ne pas dépasser les doses acceptées ? Tout ce que l’on présente pour le moment au consommateur, ce ne sont que des déclarations de bonnes intentions et l’existence de contrôles effectués par des organismes habilités. Mais comment sont organisés ces contrôles ? Au moins un contrôle par an est obligatoire sur site et il existe aussi des contrôles inopinés ; contrôles des factures pour vérifier si l’agriculteur n’a pas acheté de pesticides de synthèse, analyses d’échantillons de fruits et légumes effectuées par la DGCCRF… Des contrôles que l’on peut donc facilement détourner par exemple après le passage d’un contrôleur ou épandre des pesticides la nuit.
L’on peut aussi utiliser des pesticides de synthèse de surface (comme les pyréthrinoïdes) qui après épandage et destruction du bioagresseur seront lessivés une heure plus tard par exemple en lançant un arrosage par aspersion. Les traces du pesticide sur les fruits seront alors très réduites. En ce qui concerne les engrais minéraux, il est techniquement impossible de garantir par des analyses de laboratoire que les plantes ont été cultivées sans engrais chimiques.
Je n’accuse personne en particulier ni n’encourage les agriculteurs bio à tricher. Je montre simplement que la falsification dans cette filière est très facile.