Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
. Vous avez des difficultés pour améliorer la fertilité du sol de votre jardin potager !
. Vos plantes potagères sont rachitiques, dévorées par des ravageurs ou atteintes par des maladies !
. Les traitements bios que vous utilisez sont inopérants !
Dans les pages de ce site internet, des solutions efficaces sont proposées pour répondre à ces problèmes fréquents rencontrés au jardin potager.
L'auteur : Serge BAESEN
. Ex-informaticien, administrateur réseau.
. Secrétaire AFIS Marseille & Provence.
. Plus de 40 années de pratique de l’agriculture potagère et fruitière à Hendecourt-lès-Cagnicourt dans le Pas de Calais (plus de 5000 m² ex terrain cultivable du Manoir appartenant dans les années 1970 à la communauté du Bon Pasteur), et à Estoublon dans les Alpes de Haute-Provence (1600 m² propriété + location).
Ce site internet s’adresse aux jardiniers débutants ou expérimentés qui souhaitent s’informer sur les méthodes intégrées au jardin potager, ainsi qu’à toutes les autres personnes qui sont intéressées par ces nouvelles techniques de culture.
Notes liminaires :
- Le site est organisé en chapitres et articles accessibles en cliquant sur l’un des titres du menu situé en haut de chaque page. Dans le haut de chaque page, les articles appartenant au même chapitre sont rappelés dans un encadré situé à droite.
- Dans le bas de chaque page, un moteur de recherche permet de retrouver l’emplacement d’un mot situé dans une ou plusieurs autres pages.
- Un mot écrit en gras avec une couleur verte, renvoie sur une autre page où sa définition est précisée.
- Pour les doses d’engrais, la surface de référence d’un hectare souvent utilisée dans les études agronomiques, est ramenée à 1 are (100 m²) ce qui est plus parlant pour un jardinier amateur. Une simple règle de trois permet de recalculer les doses par rapport à la surface du potager.
- Smartphone : pour une vision correcte des tableaux, une position horizontale de l’écran est préférable.
Les méthodes intégrées en agriculture, encore dénommées « agriculture intégrée », consistent à mettre en place de manière cohérente toutes les techniques de culture permettant d’une part, d’obtenir des récoltes saines et économiques rentables, et d’autre part, de satisfaire les exigences de protections environnementales et de santé humaine. Ces techniques sont évaluées selon des méthodes scientifiques. Les pratiques ne reposant sur aucune preuve scientifique sont donc écartées. Pour résumer, les méthodes intégrées en agriculture sont les suivantes :
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La préservation de la biodiversité du sol et du capital en humus sont assurés par des apports périodiques de matières organiques, notamment par des composts obtenus selon des techniques éprouvées passant par une phase thermophile ainsi que par des couvertures végétales en interculture.
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Les apports d’engrais organiques et industriels sont ajustés avec précision par rapport aux réserves du sol en substances nutritives et aux besoins réels des plantes qui varient tout au long de leur cycle cultural. Par exemple, en cultures maraîchères, les carottes ont besoin plus d’azote durant les deux premiers mois pour former leurs feuilles, et plus de potassium les mois suivants pour former leurs racines. Les réserves en substances nutritives sont déterminées par des analyses périodiques de laboratoire. Ainsi, les méthodes intégrées en agriculture incorporent les techniques de l'agriculture de précision dont l'objectif est de limiter l'utilisation d'intrants dans les parcelles agricoles.
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Pour réduire la nuisance des bioagresseurs, les méthodes alternatives aux pesticides sont privilégiées tant qu’elles s’avèrent efficaces. Ces méthodes, résumées sous l’appellation de Protections Biologiques Intégrées des cultures (P.B.I.), consistent à mettre en place une combinaison de traitements comme le choix variétal, les rotations de culture et l’utilisation des procédés de biocontrôle contrariant le développement des bioagresseurs.
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Des modèles de prévision sont mis en place faisant appel à des traitements alternatifs aux pesticides homologués en agriculture conventionnelle ou bio contre les bioagresseurs. Par exemple en culture sous abris, des prédateurs de bioagresseurs sont importés au printemps dès l'apparition des premiers pucerons qui peuvent devenir très prolifiques sur certaines cultures potagères (navets, betteraves rouges, carottes…).
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La destruction des bioagresseurs à l’aide de produits phytosanitaires n’est pas envisagée tant que ces bioagresseurs ne présentent pas un danger réel. Les traitements phytosanitaires ne sont appliqués que si l’agressivité des bioagresseurs dépasse un certain seuil posant un problème grave pour l'environnement et quand la récolte est sérieusement compromise. En agriculture intégrée, on accepte qu’une partie de la récolte soit perdue si la récolte finale est encore économiquement rentable.
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La décision d’un traitement à l'aide de produits phytosanitaires est prise au cas par cas après avoir déterminé les bénéfiques/risques. En premier lieu, on utilise les produits phytosanitaires qui ont un impact limité sur l’environnement et dont l'efficacité est prouvée.
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En ce qui concerne le contrôle des adventices, le désherbage mécanique est privilégié au désherbage chimique quand c’est possible (a).
Toutes ces mesures sont transposables au jardin potager après adaptation. Leurs descriptions et leurs mises en place avec des exemples précis sont décrites dans différents articles de ce site internet. Toutes ces mesures ont fait l’objet de vérifications sur des cultures en plein air et sous abris par l’auteur.
a) Le désherbage manuel ou mécanique est inefficace contre certaines adventices comme la prêle ou le liseron en raison de leurs rhizomes qui descendent profondément dans le sol. Un désherbant est alors nécessaire pour détruire ces adventices.
En parcourant les pages de ce site internet, certains lecteurs auront peut-être l’impression qu’il y a peu de différence entre l’agriculture biologique et l’agriculture intégrée. Certaines techniques culturales mises en place sont en effet communes. D'autres techniques sont interdites en agriculture biologique comme les engrais minéraux. L’agriculture biologique se définit par rapport une obligation de moyen, alors que l’agriculture intégrée se définit par rapport à une obligation de résultat. Cela se traduit par des différences sur les techniques culturales, les rendements et des conséquences sur l'environnement dont les plus connues sont les suivantes :
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Comme l'agriculture biologique, l’agriculture intégrée a pour objectif de respecter la santé du consommateur et l’environnement. Mais, les méthodes de l’agriculture intégrée s'appuient strictement sur des données scientifiques largement démontrées et validées par de nombreux contrôles effectués en laboratoire et sur le terrain, ce qui n’est pas toujours le cas de l’agriculture biologique qui fait quelquefois appel à des remèdes dont l'efficacité n'a jamais été prouvée (comme le purin d'ortie).
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L'agriculture biologique refuse les intrants synthétiques (engrais et produits phytosanitaires) pour des raisons idéologiques. Il est souvent évoqué que tout ce qui est synthétique est dangereux à priori d’où l'utilisation exclusive en agriculture biologique de substances dites naturelles alors que ces dernières peuvent être aussi toxiques (voire plus toxiques) que des produits synthétiques. Par exemple les pyréthrines utilisées en agriculture biologique contre les ravageurs sont également toxiques contre les coccinelles, les chrysopes et les syrphes alors que ce n'est pas le cas du spirotetramat (movento) qui respecte également les punaises prédatrices, les parasitoïdes et les arachnides (a).
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L'agriculture biologique se ferme à certaines innovations scientifiques et techniques dans les domaines notamment de la génétique, de la chimie agricole et de la phytopharmacie, ce qui n’est pas le cas des méthodes intégrées en agriculture. Les interdictions en agriculture biologique ont pour conséquence de compliquer la gestion des intrants autorisés dans cette filière avec des conséquences négatives sur la biodiversité du sol. Par exemple, dans le cas d'une carence d’un élément prédominant, en agriculture intégrée on peut apporter seulement cet élément manquant avec un engrais industriel. Ce n'est pas le cas avec un intrant organique, seul engrais autorisé en agriculture biologique, alors que ce type d'intrant comprend toujours plusieurs nutriments à des doses variables en fonction de leur origine pouvant entrainer une carrence induite suite à l’import d’autres éléments en excès.
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L’interdiction des pesticides de synthèse en agriculture biologique a pour conséquence d’augmenter la dose de matières actives homologuées dans cette filière et les passages phytosanitaires en raison de leur moindre efficacité. Les composés à base de cuivre contre les infections cryptogamiques et bactériennes sont souvent utilisés en agriculture biologique alors que le cuivre n’est pas biodégradable, s’accumule dans le sol et il est toxique pour l’environnement. En protection intégrée, les produits phytosanitaires de synthèse et bios sont souvent utilisés en alternance par les agriculteurs professionnels, ce qui a pour conséquence d’augmenter l'efficacité de ces traitements et de réduire les doses actives. Les produits phytosanitaires de synthèse sont aussi plus ciblés, ce qui a pour conséquence de réduire leur impact sur l'environnement (b).
Protection raisonnée et protection biologique ; des chiffres qui parlent :
Comparaison de la quantité de fongicides apportés en 1998 dans les deux filières :
Protection raisonnée : 6 kg/ha
Protection biologique : 86,4 kg/ha
Comparaison du nombre total de passages phytosanitaires en 1998
Protection raisonnée : 12
Protection biologique : 23
Source : étude du CIREA de 1994 à 1998
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L’usage excessif du cuivre en agriculture biologique pour lutter contre les infections cryptogamiques a aussi pour effet de perturber la nutrition des plantes. L’excès du cuivre crée un phénomène de type chlorotique même en sol à priori peu sensible à ce phénomène, une phytotoxicité directe sur les feuilles et une réduction des radicelles conduisant quelquefois à la mortalité de la plante (1).
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Les productions de l'agriculture biologique sont non seulement inférieures à celles de l’agriculture intégrée (c), mais aussi plus aléatoires du fait des difficultés de gestion des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes. Les itinéraires de culture en agriculture biologique sont bien moins sécurisés qu’en agriculture intégrée conduisant quelquefois à des situations intenables pour les agriculteurs de la filière bio, démontrées par exemple en France lors des intempéries de l’été 2016 en pomiculture (d).
a) Cet insecticide synthétique est utilisé par les agriculteurs professionnels dans la lutte contre les ravageurs des arbres fruitiers à pépins et à noyau, des salades, de la chicorée witloof, des choux, des l'oignon et échalotes, de l'épinard et des fraisiers.
b) La plupart des produits phytosanitaires de synthèse utilisés de nos jours et leurs métabolites sont dégradés par la microflore plus ou moins rapidement en fonction de facteurs comme la teneur en matière organique, le pH du sol, la température.
c) En 2018 pour le blé tendre, les rendements sont de 35 et 40 qx pour le bio et de 90 à 100 qx pour le conventionnel ; plus de précision en cliquant ici.
d) En raison des dégâts causés en 2016 par un excès d’humidité dans des vergers, des agriculteurs bio ont utilisé des fongicides de synthèse conduisant à un retrait de la certification Agriculture Biologique (AB) pour les exploitations concernées et pour un minimum de 3 ans. Plus de précisions à cet ici.
Ce site web est une base de connaissances techniques et pratiques pour les jardiniers amateurs. De nombreux conseils utiles sont précisés pour entretenir le sol de culture, entreprendre un compostage équilibré et assaini, et pour aider les plantes potagères à mieux résister aux bioagresseurs. Des notions fondamentales en agronomie et en pédologie sont vulgarisées pour la bonne compréhension des méthodes intégrées en agriculture.
Une première version de ce site internet s’adressait surtout aux jardiniers habitant dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur tenant compte des particularités locales. Comme son succès a largement dépassé cette limite régionale, les textes ont été améliorés pour les autres régions de France et pays à climat tempéré.
En lisant les pages de ce site internet, et pour de petites surfaces de culture, vous apprendrez comment en cultures maraîchères on peut limiter significativement l’usage des pesticides synthétiques ou bios pour lutter contre de nombreux bioagresseurs et cela par la mise en place de techniques culturales respectueuses de l’environnement comme les biocontrôles, la rotation des cultures, le choix variétal. Les pertes de productivité sont très réduites, voire nulles. Mais, pour obtenir un tel résultat, vous devez respecter l’ensemble des recommandations qui forme un tout. Si par exemple vous délaissez l’entretien du sol, vos plantes seront mal nourries et seront plus facilement sujettes à des maladies. Vous serez aussi contraint d’effectuer quelques dépenses pour acquérir notamment des protections anti-insectes, importer des auxiliaires utiles, et surtout, de ne pas être avare en huile de coude.
Certains conseils figurant dans ce site interne sont difficilement envisageables en grandes cultures en raison de la dimension des surfaces cultivées, des moyens techniques qu’il faudrait mettre en place, de leurs coûts financiers et parce qu'ils sont moins efficaces (par exemple : souffre et cuivre sur les maladies des céréales). Ce qui est possible à petite échelle ne l’est pas forcément à grande échelle. Par exemple, il est difficile de demander à un exploitant agricole qui cultive des hectares de blé, de protéger ses cultures avec des filets anti-insectes ou de labourer ses champs avec une bêche-fourche pour ne pas blesser les vers de terre.
En agriculture intégrée, des labels commencent à voir le jour garantissant des productions certifiées par des analyses de laboratoire apportant plus de garanties aux consommateurs que l’agriculture biologique pour un prix plus attractif. Par exemple le label « zéro résidu de pesticides » (a). C’est aussi l’objectif du collectif « nouveaux champs » créé par des maraîchers et des arboriculteurs français, ou encore du groupement de producteurs « Demain la terre », de l’alliance « tomates nature et saveurs » regroupant trois producteurs français : Savéol, Prince de Bretagne et Solarenn (b). Je recommande ces producteurs à tous ceux qui n’ont pas la possibilité d’entretenir un potager et/ou des arbres fruitiers.
Des inconditionnels du bio prétendent que ces labels sont des faux bios. Ceux qui pratiquent les méthodes intégrées ne prétendent pas que leurs fruits et légumes sont cultivés selon les méthodes de l’agriculture biologique dont on ne dit pas tout en ce qui concerne les traces de pesticides homologués dans cette filière (c).
a) L’absence de résidu est déterminée, pour chaque Substance Active analysée, par un résultat inférieur à la Limite de Quantification (LQ). La limite de quantification exprime la concentration la plus faible de l'analyte qui peut être quantifiée avec précision et exactitude. À l’heure actuelle, les performances des instruments de mesure conduisent pour la majorité des résidus à une limite de quantification de 0,00001 g/kg.
b) Les tomates sont garanties sans pesticide de synthèse et interdiction du cuivre homologué en agriculture biologique.
c)Voir l'article " Quelques remarques sur les pesticides homologués en agriculture biologique - composés à base de cuivre et de soufre" notamment le paragraphe sur les vins bios en cliquant ici
Dans bien des cas, les méthodes intégrées en agriculture sont plus respectueuses de l'environnement que l'agriculture biologique. Voici quelques exemples :
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La volatilisation de l’ammoniac des engrais organiques nerveux (purin, sang séché…) utilisés en agriculture biologique est inévitable, alors que les engrais synthétiques d’action rapides comme le nitrate de potasse utilisé en productions intégrées ne sont pas concernés par cette perte d’azote. Par exemple, les pertes par volatilisations représentent 70 % de la fraction ammoniacale des lisiers (2).
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L’usage d’engrais de synthèse en agriculture intégrée pour répondre aux besoins variés des plantes tout au long de leur cycle cultural est plus précis qu’en agriculture biologique qui n’utilise que des engrais organiques (a). On ne maîtrise pas l’évolution d’un engrais organique dépendant de facteurs du milieu qui ne sont pas contrôlables (comme les aléas climatiques). L’usage des ammonitrates (b) est devenu la forme d’apport d’azote la plus fréquente en culture intégrée, et il est moins associé à la volatilisation de l’ammoniac.
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L’agriculture biologique et moins rentable à l’hectare que l’agriculture intégrée. Pour compenser cette baisse de rentabilité, il faut augmenter les surfaces cultivées en bio ayant pour conséquence de réduire les zones de biodiversité naturelle.
D’autres arguments en faveur des méthodes intégrées en agriculture sont évoqués dans les pages suivantes de ce site web, appuyés par de nombreuses références scientifiques.
a) Pour différents types d’engrais organiques, la vitesse de minéralisation de l’azote varie énormément. Des facteurs interviennent comme les conditions climatiques et les caractéristiques physiques et biologiques du sol. 30 à 80 % de l’azote organique des fumiers de volailles est minéralisé de quelques semaines à quelques mois. Pour les fumiers de bovins, 20 à 40 % de l’azote organique se minéralise progressivement au cours de la campagne de culture qui suit l’apport. Par contre, les composts de fumiers de bovins et de déchets verts qui ont subi une phase de maturation longue d’environ 12 mois se minéralisent très lentement - seulement 10 à 15 % de leur azote organique est minéralisé au cours de l’année qui suit leur épandage.
b) ammonitrates : engrais minéraux à base de nitrate d'ammonium.
Présentation succincte des chapitres
Tous les chapitres décrits ci-dessous sont accessibles en cliquant sur l’une des options du menu général situé en haut de chaque page. Chaque chapitre est divisé en articles accessibles dans le menu ou dans un encadré situé en haut et à droite de chaque page. Le titre de la page affichée est signalé par une flèche.
Le sol de culture
Avant d’entreprendre les premières cultures, une analyse de laboratoire d’un échantillon du sol est indispensable afin de connaître ses caractéristiques physiques, biologiques et son potentiel de fertilité. Sont abordées des notions importantes en agronomie et pédologie, notamment les propriétés des humus et comment ces derniers se forment. Les complexes absorbants et la capacité d’échange cationique sont également étudiés.
Les racines des plantes ne se limitent pas à l’extraction de substances nutritives. Ces organes végétaux participent à des échanges de substances nutritives avec des microorganismes concentrés dans une zone spécifique du sol dénommée rhizosphère qu’il faut donc protéger. Un détour est entrepris pour analyser les caractéristiques des sols résistants (encore dénommés sols suppressifs) où des plantes potagères sont moins affectées par des bioagresseurs telluriques.
Les sols trop riches en calcaire ou en argile ou en sable peuvent être corrigés par des amendements afin d’obtenir une terre de jardin compatible avec la culture de nombreuses plantes potagères. Pour le jardinier amateur, l’apport de compost s’avère la solution la plus simple pour améliorer le potentiel de fertilité de son potager. Mais cela ne doit pas être effectué n’importe comment. Le choix des matières organiques et la manière dont le compostage doit être effectué sont décrits afin d’obtenir un compost assaini ayant les qualités du mull de forêt.
Certains théoriciens se réclamant de l’agroécologie sont convaincus qu’il ne faut plus faire la guerre aux adventices (couramment dénommés "mauvaises herbes"). Pourtant, ces dernières exercent une concurrence alimentaire vis-à-vis des plantes potagères. Les adventices interviennent dans la préservation de la biodiversité, mais elles sont aussi vectrices de maladies et permettent aux ravageurs de trouver un refuge. Si leur présence s’avère utile dans les corridors de biodiversité, les adventices doivent être le plus souvent éliminées d’une parcelle de culture si on ne veut pas s’exposer à des complications ingérables quand par exemple des ravageurs polyphages pouvant survivre dans les mauvaises herbes sont vecteurs de maladies incurables. Les adventices sont aussi incompatibles avec certaines méthodes de biocontrôles comme les filets anti-insectes qui permettent de réduire considérablement l'usage de pesticides (synthétiques ou homologués en bio).
Depuis des milliers d’années, la bêche et la charrue sont les outils de prédilection pour améliorer les propriétés physiques d’un sol de culture. Il existe maintenant d’autres méthodes de travail du sol qui ont pour objectif de reconstruire la biodiversité du sol. Dans certaines techniques n’utilisant pas le labour, le travail du sol est réduit au strict minimum, voire abandonné. Chaque méthode à ses inconvénients et ses avantages. Un article décrit pour quelles raisons le labour et le pseudo-labour en alternance avec d'autres techniques de travail superficiel du sol, sont des méthodes simples efficaces et suffisantes pour entretenir un potager familial sous réserve d’apporter tous les ans une certaine quantité de compost pour compenser les pertes naturelles en humus.
Les plantes potagères connaissent des besoins intenses et instantanés en éléments nutritifs au cours de certaines périodes de leur cycle cultural. Les réserves en sels minéraux dans le sol peuvent être insuffisantes. Étant soumis à des facteurs incontrôlables, les engrais organiques ne peuvent à eux seuls répondre avec précision aux exigences des plantes potagères dans les périodes les plus critiques. Le raisonnement de la fertilisation d’un jardin potager passe par l’usage d’engrais minéraux surtout pour contrôler avec plus de précision les besoins en azote ce qui a aussi l’avantage de réduire considérablement les pertes en éléments solubles (en particulier les nitrates) vers la nappe phréatique.
Comme les êtres humains, les plantes deviennent sensibles aux maladies quand elles sont mal nourries. Un sol bien pourvu en compost complété par des apports précis en éléments nutritifs durant tout le cycle cultural, a notamment pour conséquence d’augmenter les défenses naturelles des plantes contre leurs bioagresseurs, les productions et la qualité gustative.
En ce qui concerne l’usage des engrais minéraux, un article décrit comment il est facile de tricher en agriculture biologique.
L’agroécologie est une expression fourre-tout permettant à n’importe quel apôtre des pseudo-sciences et du mysticisme de s’en revendiquer. Pour autant, il est possible de définir une agroécologie scientifique construite sur des données scientifiques bien établies en ce qui concerne notamment les services écosystémiques sans oublier de préciser leurs limites.
Les prédateurs des plantes dénommés bioagresseurs sont partout présents dans la nature. Dès que l’on cultive une variété de légumes, on offre aux bioagresseurs l’occasion de prospérer. Mais ces bioagresseurs sont aussi des proies pour leurs propres prédateurs qui profitent de l’aubaine pour se multiplier. Au final, un nouvel équilibre se met en place réduisant l’impact des bioagresseurs sur les cultures. Certains bioagresseurs, comme leurs prédateurs, sont polyphages, et les uns et les autres peuvent s’accommoder d’autres hôtes et proies quand ils ne trouvent pas leur alimentation favorite. Il est intéressant de connaître les interactions entre bioagresseurs, hôtes et prédateurs des bioagresseurs afin de favoriser une régulation naturelle au profit des cultures.
Créer des corridors de biodiversité afin d’obtenir un contrôle naturel d’un bioagresseur n’est pas toujours un objectif facile à mettre en œuvre. De nombreux facteurs souvent incontrôlables agissent dans un sens favorable ou défavorable aux cultures. En outre, certains bioagresseurs n’ont pas de prédateurs connus en France et constituent une menace pour l’environnement. Des exemples sont décrits montrant comment des services écosystémiques peuvent être optimisés au profit des cultures potagères. Et c’est alors que l’on découvre que le choix de certains végétaux hôtes implantés dans un jardin d’agrément juxtaposé à côté d’un potager joue un rôle important dans la régulation de bioagresseurs. Par contre, d’autres associations produisent des effets contradictoires, voire favorisent l’implantation de bioagresseurs.
Un article est réservé à une étude critique approfondie de l’une des disciplines les plus connues de l’agroécologie construite sur des bases mystiques et pseudo-scientifiques : la permaculture.
Quand les services écosystémiques sont en échec pour réguler la population d’un bioagresseur, il faut alors tenter de protéger les cultures par d’autres moyens physiques ou biologiques avant d’utiliser des produits phytosanitaires. En culture maraîchère, les méthodes de biocontrôles actives pour lutter contre certains bioagresseurs sont devenues incontournables parce qu’ils sont souvent efficaces. Les voiles anti-insectes sont infaillibles pour protéger les plantes potagères contre certains bioagresseurs quand ces plantes potagères n’ont pas besoin d’être pollinisées (en particulier les légumes racines et les salades). Quand cela ne suffit pas, il est possible de réduire une population de bioagresseurs par une importation de leurs propres prédateurs si ces derniers sont absents ou insuffisamment présents. Ce type de traitement vise à contrôler le développement des ravageurs. Pour les bioagresseurs microbiens (bactéries, champignons et virus), la rotation des cultures et le choix variétal sont souvent les seuls moyens plus ou moins efficaces pour réduire leur prolifération.
Depuis quelques années, des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle ont fait leur apparition comme les cultures de bactéries ou de virus censés parasiter des bioagresseurs, les pièges à phéromones destinés à capter les insectes reproducteurs, ou encore des herbicides biodégradables issus du monde du vivant pour réduire le développement des adventices. La plupart des méthodes et produits phytosanitaires de biocontrôles homologués pour un usage non professionnel font l’objet d’une étude détaillée dans une page de ce site internet avec précision de leurs avantages et de leurs faiblesses. Les ravageurs les plus courants sont décrits ainsi que les méthodes de biocontrôle qu’il convient d’adopter pour les combattre.
Peut-on vraiment se passer de tous les pesticides ? Les plantes sont des êtres vivants qui peuvent être malades et doivent être soignés comme les animaux domestiques. En agriculture intégrée, l’usage des pesticides synthétiques et/ou bios est décidé quand tous les autres procédés de protection des plantes ont échoué, et surtout quand un bioagresseur présente un danger pour l’environnement.
50 % des Français adeptes des produits bios sont convaincus que les pesticides ne sont pas utilisés en agriculture biologique. Et pourtant, la bouillie bordelaise, les pyréthrines, l’huile de nem et d’autres encore sont des produits phytosanitaires homologués en agriculture biologique qui sont loin d’être anodins. Plusieurs articles décrivent leurs propriétés et les risques toxiques pour l’homme et pour l’environnement.
L’interdiction des pesticides de synthèse en France à partir de janvier 2019 pour les particuliers a engendré de nombreux problèmes, ces pesticides étant notamment indispensables pour réduire les « organismes nuisibles réglementés » dont la lutte est obligatoire afin de protéger l’environnement. Les pesticides de synthèses sont aussi indispensables pour combattre des maladies cryptogamiques et bactériennes le plus souvent incontrôlables avec les méthodes de biocontrôle. Une analyse critique du purin d’ortie présenté un peu partout comme une alternative aux pesticides de synthèse réserve bien des surprises.
Pour en savoir plus.
Liste de quelques sites internet en rapport avec l'agriculture intégrée, les biocontrôles et l'invasion des pseudo-sciences en agriculture.
Pour répondre à une demande croissante d’informations des jardiniers amateurs, il ne manque pas de livres, d’articles de presse et de sites internet suggérant des tas de conseils à la mode : La culture avec conservation des mauvaises herbes, les cornes de bouse et les « pulvérisations de lumière » de l’agriculture biodynamique qui auraient le pouvoir surnaturel d’améliorer la croissance des plantes, les antennes cosmotelluriques et magnétiques à la cire d’abeille de l’électroculture, la génodique ou musique des protéines qui aideraient les plantes à lutter contre leurs prédateurs, ou encore le retour aux vieilles croyances et recettes de nos grands-parents telles que le calendrier lunaire, les forces astrales, les purins d'orties susceptibles de tromper les prédateurs des cultures.
Le purin d’ortie fait partie des « Préparations Naturelles Peu Préoccupantes » (PNPP) qui n’auraient aucune activité phytopharmaceutique, mais seraient quand même utiles à la protection des cultures. Une liste des PNPP est accessible en cliquant ici. Si certaines substances sont connues pour ne pas être dangereuses pour l’homme (comme le saccharose, le céleri, la citronnelle…) d’autres, classées dans les PNPP, ne sont pas anodines. Par exemple les décoctions de feuille d’aloe vera utilisés comme bio stimulant font partie de la liste des cancérogènes probables. Cet effet a été établi par des expériences sur des rats (4) et curieusement, personne ne réclame l’interdiction de cette substance. Le glyphosate classé récemment par le CIRC (a) cancérogène probable est devenu la bête noire des ONG environnementales, mais pas l’aloe vera.
La plupart des remèdes naturels utilisés en agriculture depuis des centaines d’années voire, plusieurs millénaires, n’ont jamais fait l’objet de contrôles afin de vérifier leurs bénéfices/risques. Leurs propriétés supposées reposent sur des observations le plus souvent empiriques propagées de génération en génération. Il serait pourtant bien utile que toutes les vérifications soient effectuées pour savoir si ces substances sont vraiment efficaces et si elles ne présentent pas de risques cachés pour la santé humaine et/ou l’environnement, comme ce fut le cas de la roténone utilisée durant de nombreuses années en agriculture biologique avant qu’elle ne soit interdite quand des chercheurs découvrirent qu’elle favorise la maladie de parkinson.
Je comprends que des personnes soient attirées par des pratiques culturales qui seraient plus respectueuses de l’environnement, comme il est normal de se préoccuper de la préservation de sa santé. J’ai même constaté que des jardiniers expérimentés se sont laissés tenter par les promesses des déclinaisons de l'agriculture biologique (agriculture naturelle, permaculture, agriculture biodynamique…) confondues dans l’appellation agroécologie, dont la dimension très large allant au-delà d’un positionnement scientifique permet à n’importe qui de s’en revendiquer. Si on réunissait toutes les bêtises écrites ici et là se réclamant de l’agroécologie, il y aurait de quoi rédiger une encyclopédie.
Comment en est-on arrivé là ?
Il existe dans notre société un mode de pensée qui traite les questions fondamentales liées à la santé, les nouvelles technologies, l’agriculture et l’environnement le plus souvent selon les méthodes des pseudo-sciences (b). Ce mode de pensée dénommée écologisme (ou environnementalisme) constitué de multiples courants idéologiques et philosophiques, prétend dériver d’une science ; l’écologie.
Les problèmes d’environnements engendrés par les activités humaines et en particulier l'agriculture intensive sont réels et il n’est pas ici question de les renier. Mais, il est déraisonnable de croire que l’on trouvera des solutions à ces problèmes en propageant la peur des nouvelles technologies, en revenant aux méthodes de culture archaïques de nos ancêtres et en faisant confiance aux poudres de perlimpinpin des rebouteux.
Tout le monde est d’accord sur le principe de réduire significativement l’usage des pesticides, de rétablir la biodiversité des sols, de se convertir à une agriculture plus respectueuse de l’environnement... Faut-il encore que les solutions proposées soient réalistes et validées par des études scientifiques rigoureuses. Or, faute de reposer sur une démarche scientifique crédible, les solutions que proposent les différentes écoles de l’écologisme sont le plus souvent rétrogrades, trompeuses et illusoires quand elles ne sont pas contraires aux buts recherchés.
Des principes utopiques et alléchants promus par les idéologues de l’écologisme à leur mise en application concrète sur le terrain, combien de maraîchers et de jardiniers amateurs se sont retrouvés avec des déconvenues et des résultats peu enthousiasmants qu'ils auraient pu éviter s'ils avaient été mieux informés !
a) CIRC : Centre International de Recherche sur le Cancer.
b) pseudo-sciences : connaissances qui se présentent sous des apparences scientifiques mais qui ne respectent pas les critères de la méthode scientifique.
Les fondateurs de l’agriculture biodynamique (encore dénommée biodynamie) sont convaincus que des forces cosmiques agissent dans des cornes de génisses remplies de bouses enterrées à la Saint-Michel pour être déterrées à la Saint-Jean, le contenu étant ensuite utilisé en aspersion des sols et des plantes. Quand les vaches broutent l’herbe, leurs cornes orientées vers le ciel agiraient comme des antennes pour capter et emmagasiner les forces cosmiques. On devrait rire d’un discours aussi simpliste. Et pourtant, la biodynamie ne manquent pas d’adeptes sensibles au mysticisme et aux méthodes dites naturelles en agriculture, ce qui n’est pas exceptionnel de nos jours, y compris dans le pays de Diderot.
La biodynamie s’est surtout développée en viticulture réunissant en France environ 500 vignerons. Les adeptes de la biodynamie prétendent s’inscrire dans une démarche bio et appartenir au mouvement de l’agroécologie.
La biodynamie a été inventée en 1920 par le philosophe Rudolf Steiner fondateur de la doctrine spirituelle l’anthroposophie. On retrouve dans la biodynamie les ingrédients classiques du mysticisme et des pseudo-sciences qui sévissent depuis longtemps en agriculture comme l’influence des cycles lunaires, l’usage de macérations ou purins de plantes (camomille, prêle, ortie…) et plus récemment d'huiles essentielles ... En France, il n’existe aucun label officiel protégeant l’appellation biodynamie. Seules deux associations (Demeter, Byidivin) proposent un cahier des charges privé auquel doivent souscrire les agriculteurs qui prétendent utiliser cette méthode culturale.
Il n’existe aucun travail scientifique sérieux qui ait mis en évidence l’existence de ces forces cosmiques décrites en biodynamie qui influenceraient les cultures. Cette pratique en agriculture est défendue sur des sites internet où des adeptes vous expliquent que ça marche. Il y aura toujours des gens pour croire aux énergies invisibles du vitalisme que l’on peut manipuler, même si les résultats évoqués par leurs adeptes sont dénués de preuves scientifiques.
Les articles de ce site internet sont notamment inspirés des œuvres suivantes :
- Guide Pratique de la Fertilisation - 7ème édition - André Gros - La Maison Rustique.
- Le sol vivant - Base de pédologie, biologie des sols – J.M. Gobat, M. Aragno, W. Matthey – presses polytechniques et universitaire Romandes.
- Ecologie – approche scientifique et pratique – 6e édition - Claude Faurie, Christiane Ferra, Paul Medori, Jean Devaux, Jean-Louis Hemptinne – Lavoisier.
- Idées reçues et agriculture ; Parole à la science – Académie d’agriculture de France.
- Eléments de décision pour une fertilisation raisonnée en azote sur les cultures fruitières et légumières ; Ctifl, 31-7-2012.
- Gestion durable de la flore adventice des cultures ; Bruno Chauvel, Henri Darmency, Nicolas Munier-Jolain et Alain Rodriguez, coord. Éditions Quæ
© Serge BAESEN 2018
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1) Auréa AgroSciences ; Conséquences des excès de cuivre dans les sols et les végétaux https://www.aurea.eu/wp-content/uploads/2017/11/Consequences-des-exces-de-cuivre-dans-les-sols-et-les-vegetaux.pdf
2) COMIFER – Calcul de la fertilisation azotée ; guide méthodologique pour l’établissement des prescriptions locales -Edition 2013.
3) RACINE ET SYSTEME RACINAIRE DES ARBRES : STRUCTURE ET DEVELOPPEMENT – Plante & Cité – ingénieurie de la nature en ville - http://www.plante-et-cite.fr/data/fichiers_ressources/pdf_fiches/synthese/RACINE%20ET%20SYSTEME%20RACINAIRE%20DES%20ARBRES%20_%20STRUCTURE%20ET%20DEVELOPPEMENT.pdf
4) Cancer environnement > Monographies du CIRC > Vol.108 : Cancérogénicité de certains médicaments, plantes médicinales