Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Biocontrôles
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⇒ Les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle.
Les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle sont définis selon l’article L.253-6 du Code rural comme « des agents et produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures » (1). La liste des produits phytopharmaceutiques de biocontrôle homologués par le Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation est accessible en cliquant ici.
Dans cette liste de substances dites naturelles entrant dans la définition de produits de biocontrôle, il est étonnant de constater la présence de produits caractérisés par une absence de démonstration de l’efficacité biologique (comme les préparations contenant de l’eugénol, le géraniol et le thymol). Certaines substances ont été validées à partir de tests anciens qui n’ont jamais été réétudiés tels que les composés complexes à base de poudre de corne (utilisés comme répulsifs) homologués dans les années 1960 ne présentant pas de classement toxicologique, ou encore des produits relativement dangereux pour le travailleur et l’environnement (ils sont alors interdits aux jardiniers amateurs). Par exemple les produits contenant les phéromones à chaîne linéaire de lépidoptères (SCLP) sont considérés par l’ANSES comme irritant pour la peau, dangereux pour l’environnement et très toxiques pour les organismes aquatiques. Ainsi l'opérateur doit porter des protections comparables à celles recommandées pour les pesticides de synthèse : gants, vêtement de protection approprié, un masque respiratoire… À noter que l’huile essentielle de clous de girofle est encore réservée aux professionnels alors que cette huile est utilisée comme complément alimentaire et en dentisterie (2).
Voici quelques produits phytopharmaceutiques de biocontrôle classés en deux groupes (herbicides et lutte contre les bioagresseurs), autorisés pour les jardiniers amateurs et dont l'impacte sur l'environnement serait insignifiant, voire nul bien qu'on manque encore de recul pour certaines préparations.
Présent à l'état naturel sous forme d'ester dans les géraniums, l’acide pélargonique appartient à la famille des acides gras. Les préparations en vente libre contenant ce produit sont présentées comme une alternative aux produits phytopharmaceutiques de synthèse. Or, la production industrielle de ce désherbant se fait principalement par des procédés chimiques à partir d'acide oléique. L'acide pélargonique est utilisé depuis longtemps comme cosmétique bien que les données toxicologues sont peu nombreuses dans la littérature médicale notamment les effets de type CMR (cancer, mutagène, reproduction).
L’acide pélargonique est quelquefois mélangé avec un régulateur de croissance (hydrazine maléique). Cet acide gras détruit la cuticule cireuse qui recouvre les tiges et les feuilles et rompt la perméabilité des membranes cellulaires. Les cellules se vident alors de leurs substances qu’amplifie le rayonnement solaire. De par son mode d’action, l’acide pélargonique est considéré comme un herbicide de contact à large spectre et son action est rapide. Le régulateur de croissance, quand il est présent dans la préparation, empêcherait la repousse des mauvaises herbes traitées. Il est recommandé d’effectuer deux applications à une semaine d’intervalle. Ce désherbant est efficace contre la plupart des plantes vivaces, y compris le liseron surtout s’il contient un régulateur de croissance. Mais cette efficacité est toute relative, les racines n’étant pas atteintes alors qu'un désherbant synthétique comme le glyphosate les détruit. Bien souvent, on constate une reprise des adventices.
En respectant les doses, on constate qu’au bout de 3 heures, les plantes sont fanées et il faut 24 heures, pour obtenir un dessèchement de la plante. Pour une destruction complète, les mauvaises herbes ne doivent pas avoir dépassé le stade de 4 à 5 feuilles et la température extérieure ne doit pas être inférieure à 10 /15°.
Certaines préparations sont réservées pour les professionnels et d’autres pour les jardiniers amateurs. Pour certaines préparations destinées aux professionnels homologuées par l’ANSES, il est recommandé pour les opérateurs exposés à l’acide pélargonique de porter des gants en nitrile, des lunettes et écrans facials d’une combinaison en polyester et d’un EPI (blouse ou tablier à manche longue) à porter par-dessus la combinaison précitée. Pour les préparations destinées aux jardiniers amateurs, en fonction de la dose d’acide pélargonique, les risques sanitaires sont considérés comme acceptables. Le produit « FINALSAN ULTIMATE JARDIN » homologué pour les particuliers contient de l’acide pélargonique et un régulateur de croissance. Pour ce dernier produit, en raison de son faible taux de toxicité pour le manipulateur, il est simplement recommandé par l’ANSES d’attendre le séchage complet des plantes avant leur manipulation (3). D'autres préparations vendues dans des magasins de jardinerie contiennent des mélanges d'acide pélargoniques avec d'autres acides organiques (glycolique, lactique, succinique).
L’acide pélargonique est rapidement dégradé dans le milieu naturel. Pour autant, l’insuffisance des données concernant son impact sur l’environnement est signalée dans une étude de l'Autorité européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) 2013;11(1):3023 : « Pour l'acide pélargonique, des lacunes de données pour répondre aux aspects suivants de l'évaluation des risques écotoxicologiques ont été identifiées : les organismes aquatiques, les abeilles, les populations sur le terrain d'arthropodes non-cibles, les vers de terre, les micro-organismes du sol et les plantes non-cibles (plantules émergentes). Il a été conclu à un risque faible pour les oiseaux, les mammifères et les organismes de traitement des eaux usées. Un risque a été identifié pour les arthropodes non cibles sur le terrain. ».
Enfin, l'acide pélargonique est très coûteux en grande culture (plus de 1000 euros à l’hectare) ce qui limite son usage comme alternative au glyphosate.
Le vinaigre vendu dans le commerce pour divers usages peut également être utilisé comme herbicide de contact et systémique. Il contient 5 à 8 % d’acide acétique. Une solution comprenant de l’eau et 50 % de vinaigre blanc additionné d’un mouillant (savon de Marseille liquide) est efficace contre les jeunes pousses d’adventices. Pour un usage agricole, l’acide acétique (non alimentaire) est vendu par exemple sous l’appellation « NATUREN EXPRESS » et « SPEED ». La préparation est composée 60 g/l d’acide acétique (pureté minimale de 98 %) se présentant sous la forme d’un liquide prêt à l’emploi à appliquer avec un pulvérisateur (renouvellement de l’application 7 à 14 jours). Si l’acide acétique est biodégradable, il a l’inconvénient d’acidifier provisoirement les sols et il est mal toléré par les microorganismes. Des vinaigres à 8 % d’acide acétique vendus dans le commerce et des sites internet sont moins coûteux que certaines préparations destinées au jardinage.
Les mélanges d’acide caprylique et d’acide caprique d’origine végétale sont vendus sous l’appellation « Herbiclean Jardin » ou « Herbiclean allées ». C’est un herbicide non sélectif agissant par contact sur les jeunes plantules (moins de 10 cm). Il est souvent nécessaire de renouveler l’application (maximum 4 traitements par ans espacés de 2 à 4 semaines). Après la pulvérisation, un film mousseux se formera durant environ 5 minutes sur les plantes permettant de visualiser facilement les zones traitées.
Une préparation dénommée Beloukha ® contenant de l’acide nonanoïque a obtenu en 2015 son AMM comme produit de biocontrôle. Ce désherbant est fabriqué par une société française (4) à partir d’huile de colza et ne présenterait aucun effet préjudiciable sur l’homme, les animaux, l’eau, l’air et l’environnement. Il agit comme l’acide pélargonique avec les mêmes inconvénients ; il ne détruit pas les racines. Pour cette raison, il est préférable de l’utiliser sur les jeunes plantes. Il ne laisserait aucun résidu dans le sol et dans les plantes cultivées avec une très forte biodégradabilité sans production de métabolites (50 % du produit disparaît en moins de 2 jours). L’action du produit serait très rapide et se constaterait dans les deux heures qui suivent l’application. Certaines préparations de Starwax en vente dans des magasins de jardineries ou sur des sites internet contiennent une solution d’acide nonanoïque et de l’éthanol pour détruire les lichens et les mousses. Pour plus d'informations, cliquez ici.
L’utilisation des bicarbonates de sodium ou de potassium comme fongicides en agriculture n’est pas une idée nouvelle. Leur usage remonte au début du vingtième siècle. Ils agissent en inhibant la formation du mycélium des champignons après la germination des spores. Ils ne sont donc pas des substances chimiques tueuses de champignons pathogènes comme le font les fongicides de synthèse. Ils gênent simplement leur prolifération, ce qui nécessite plusieurs épandages tout au long du cycle cultural en particulier des parties non traitées, sinon, l’infection reprend. C’est pour cette raison que les traitements aux bicarbonates de sodium ou de potassium peuvent décevoir surtout dans les régions pluvieuses. Les traitements aux bicarbonates de sodium ou de potassium obligent d’arrêter l’arrosage par aspersion.
En présence d'eau, les molécules de bicarbonate de sodium ou de potassium se dissocient rapidement en ions sodium ou potassium et bicarbonate. Il est préférable d’utiliser le bicarbonate de potassium pour trois raisons :
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Il cause moins de brûlures sur le feuillage que le bicarbonate de sodium.
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Le bicarbonate de sodium se décompose dans le sol en laissant des ions sodium qui peuvent déstructurer les CAH (voir l'article sur les complexes argilo-humiques).
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Le bicarbonate de potassium se dissocie rapidement en ions potassium et bicarbonate. Ces ions font partie des cycles nutritifs naturels des êtres vivants.
Le bicarbonate de potassium n’est pas inoffensif. Un excès de dosage peut brûler les feuilles. Le dosage ne doit pas dépasser 0,5 à 1 % (soit 5-10 g ou 1-2 cuillère à café par litre d'eau), en teneur totale en bicarbonate. Il faut appliquer la solution en pulvérisation le plus uniformément possible sur les deux faces de chaque feuille et la totalité du végétal de façon à couvrir tous les organes d’une fine pellicule, mais sans produire de coulures excessives. L’application doit être effectuée à titre préventif surtout si d’autres végétaux situés à proximité sont déjà touchés. Il faut renouveler l’application après une forte pluie et après séchage des végétaux. Chaque application doit être espacée au moins d’une à trois semaines selon les conditions locales.
Bien qu’ils ne soient pas considérés comme toxiques, les bicarbonates peuvent avoir des conséquences néfastes sur la fertilité des sols. Un usage excessif peut conduire à une carence en calcium et en magnésium dû à la formation de composés de carbonates insolubles. L’absorption du fer peut également être entravée et conduire à l’apparition de nécrose. Les applications de bicarbonate de potassium doivent être arrêtées au premier signe de phytotoxicité ou dès l’observation d’une baisse de la qualité de la floraison.
On peut acheter du bicarbonate de potassium dans des magasins spécialisés en jardinerie ou sur des sites internet par ex en cliquant ici.
Cette bactérie stimule les défenses naturelles des cultures en contrariant la fixation des champignons pathogènes par la perforation de la membrane de leur mycélium. À utiliser en traitement préventif (fruits à pépins, fruits à noyau, tomate, laitue, concombre, courgette….) ; vendu en jardineries et sites internet sous l’appellation commerciale " Natria " ou ici ou encore 'Solabiol". C’est l’un des seuls traitements microbiens contre les maladies cryptogamiques mis à la disposition des jardiniers amateurs qui devrait être systémiquement appliqué tous les 7 jours à titre préventif sur les tomates et cucurbitacées à la place de la bouillie bordelaise.
Le Bacillus thuringiensis plus connu sous le nom de bacille de Thuringe, est certainement le microorganisme le plus utilisé en lutte biologique. Ce bacille aérobie ubiquiste est abondant dans la nature. Il est présent dans le sol, l'eau, l'air et sur le feuillage des plantes. On doit sa réputation en agriculture bio à son pouvoir de multiplication en culture, sa conservation en container facilitant la commercialisation, son ciblage très sélectif et son prix compétitif.
Le Bacillus thuringiensis synthétise un cristal protéique lors de sa sporulation. Après ingestion par l’insecte, ce cristal protéique libère des protoxines qui, en présence des protéases digestives de l’insecte, sont transformées en toxines polypeptidiques actives. Ces entérotixines se lient à des récepteurs spécifiques situés sur les cellules de l’épithélium intestinal de l’insecte provoquant d’importantes légions de l’intestin entraînant une paralysie du tube digestif. L’insecte ne peut plus s’alimenter et la mort intervient dans un intervalle de 24 à 48 heures. Il existe plus de 50 variétés de Bacillus thuringiensis dont quelques-unes sont commercialisées.
En culture maraîchère, le bacillus thuringiensis est utilisé contre la teigne du poireau qui peut aussi attaquer l’ail, l’oignon, l’échalote. Le Bt est également utilisé contre d’autres chenilles polyphages parasitant l’artichaut, le cardon, le haricot, la tomate, l’aubergine, on encore, la piéride du chou. Après dilution dans de l'eau, la solution est vaporisée sur les feuilles et tiges en veillant à bien couvrir toutes les parties aériennes. Ce traitement doit être renouvelé 8 à 10 jours plus tard pour neutraliser les larves issues de la dernière génération.
Le Bacillus thuringiensis ne présente aucun danger pour les autres animaux, les humains ou les végétaux. Les bactéries meurent et se dégradent sans laisser de résidu toxique. Il est important de préciser que l’efficacité des préparations vendues dans le commerce dépend beaucoup de plusieurs facteurs tels que les conditions climatiques, le biotope local, les méthodes de traitement et la concentration du produit. Le succès ne serait pas assuré si les conseils d’utilisation des produits spécifiés par le fabricant ne sont pas suivis à la lettre.
Les sous espèces kurstaki (Btk) et aizawai sont spécifiques des larves des lépidoptères (papillons) dont beaucoup sont des ravageurs des cultures alimentaires et ornementales. Btk est généralement considéré comme respectueux de l'environnement, car sa toxicité est essentiellement limitée à son organisme cible. Les humains, la faune et les insectes utiles sont considérés comme non affectés par le Btk. Néanmoins, en 2012, il est précisé dans un examen de plusieurs souches de Bt par l'Autorité européenne de sécurité des aliments que les données sont insuffisantes pour confirmer les allégations de faible toxicité de manière définitive (5). Les traitements sont d'autant plus efficaces qu'ils sont appliqués contre les plus jeunes stades larvaires. Les cristaux ont une durée de vie très limitée (48 à 72 heures) d’autant qu’ils sont détruits par les UV et peuvent être lessivés par la pluie ou le matériel d’arrosage. Toutefois, les produits en vente dans les magasins de jardinerie contiennent des adjuvants permettant une durée d’action plus longue de l’ordre de la semaine.
Comme le Bt affecte le tube digestif des insectes, son utilisation contre les insectes suceurs comme le puceron ou la cochenille reste très limitée. En outre, l’usage intensif de cette bactérie risque de produire des résistances. C’est un phénomène bien connu en médecine. C’est de cette manière que par exemple naissent les résistances aux antibiotiques lors d’un usage excessif. Plusieurs souches d’insectes résistantes au bacillus thuringiensis ont été signalées, en premier lieu en 1985 (McGaughey (7)). Les cas de résistances sont pour le moment peu nombreux et souvent récessifs. La majorité des cas de résistances est apparue en laboratoire.
Il est important de signaler que l’efficacité des produits microbiens est encore aléatoire. Après introduction des microorganismes dans les cultures, on constate qu’ils sont soumis à différentes contraintes biologiques et abiotiques qui conditionnent plus ou moins le succès des mécanismes de biocontrôle.
L’huile de colza estérifiée agit sur de nombreux ravageurs, y compris les phytoptes (acariens invisibles à l’œil nu). La pellicule d’huile stoppe la pénétration de l’oxygène dans les organes de respiration et l’insecte meurt d’asphyxie. Aucun phénomène de résistance n’a été mis en évidence à ce jour. Différents essais effectués en France ont montré qu’une préparation contenant de l’huile de colza émulsionnée vendue sous l’appellation commerciale « Aturen Eradibug » est efficace contre les pucerons en culture légumière et arbres fruitiers. 7 essais ont montré une très bonne efficacité sur les pucerons par rapport à un insecticide de synthèse (bifenthrine) sous réserve d’une seconde application. Le produit est également efficace contre les acariens avec un résultat supérieur à l’insecticide de synthèse de référence. D’autres essais ont montré un bon contrôle sur l’aleurode et sur la cochenille (8).
Des essais effectués sur cultures légumières n’ont montré aucune phytotoxicité suite à deux applications à dose simple et double. Cet insecticide végétal polyvalent élimine aussi bien les œufs, les larves que les adultes. Ce produit est vendu dans les jardineries et certains sites internet. Traiter en prenant soin de bien mouiller toutes les feuilles et tiges et renouveler le traitement après 7 à 14 jours. Il ne faut pas traiter en présence d'abeilles ni appliquer ce produit sur les plantes en fleurs. Sur le site E-phy il est précisé que ce produit peut porter atteinte à la faune auxiliaire.
J’ai constaté, mais cela demande à être vérifié, que l’huile de colza estérifiée vendue par la Sté Naturen est efficace contre le doryphore à la dose maximale conseillée sur la notice d’emploi soit 30 ml/pour 10m² et 1 litre d’eau dans un pulvérisateur.
Note :
Voici une préparation maison moins coûteuse à base d’huile de colza qui aurait un effet équivalent. Préparer une solution contenant 2/3 d’huile de colza et 1/3 de savon pour la vaisselle. Secouez énergiquement pour obtenir une émulsion qui sera utilisée en pulvérisation à raison de 20 à 30 ml de l’émulsion pour 10 litres d’eau.
La maltodextrine est un polysaccharide utilisé comme additif alimentaire. Elle est produite à partir de l’amidon végétal par hydrolyse partielle et se trouve généralement comme une poudre blanche hygroscopique séchée par pulvérisation. Son utilisation en tant que pesticide bio est toute récente. La maltrodextrine agit de la même manière que l'huile de colza.
Les préparations à base d’huile minérale de paraffine sont surtout utilisées contre la cochenille. Son action par contact asphyxie les œufs, les larves et les adultes. Il convient de ne pas utiliser ces préparations en présence d’insectes pollinisateurs ou d’auxiliaires utiles (abeilles, bourdons, coccinelles…). En vente en jardinerie et sites internet sous différentes appellations commerciales dont certaines sont réservées aux professionnels.
Les courgettes, concombres, potirons… sont très sensibles à l’oïdium causé par certains champignons ascomycètes. Cette maladie cryptogamique qui se propage rapidement se caractérise par l’apparition d’une poudre blanche recouvrant les feuilles (d’où le nom de maladie du blanc). Plusieurs méthodes naturelles sont connues comme les décoctions d’ail ou de prêle, mais je n’ai jamais constaté de résultats probants avec ces produits.
Le soufre en liquide ou à répandre est connu pour lutter contre l’oïdium y compris celui qui infecte les arbres fruitiers. J’ai constaté que le soufre est très efficace contre l’oïdium affectant certains arbres fruitiers sensibles à cette maladie (comme la golden delicious), mais il a l’inconvénient d’acidifier les sols. Il est oxydé en acide sulfurique par les microorganismes tels que ceux du genre thiobacilus. L’oxydation plus ou moins rapide dépend largement de la taille des particules. La forme poudreuse utilisée contre l’oïdium est la plus active (9). Il existe de nombreuses préparations pour les professionnelles et certaines sont homologuées pour les particuliers (comme le kumulus jardin, le Microthiol spécial jardin, le Sofluid DP jardin…). Accessibles en jardinerie et sites internet.
Les phéromones sont des substances naturelles et volatiles sécrétées par les insectes et certains animaux. À chaque type d’insecte ravageur correspond une phéromone spécifique qui est souvent émise par la femelle pour attirer le mâle qui peut la détecter à plusieurs kilomètres. Le principe du traitement est d’utiliser un piège à glu pourvu d’un diffuseur imitant la phéromone de la femelle. Emprisonné dans le piège, le mâle ne peut alors s’accoupler. Une autre technique consiste à introduire dans le piège un pesticide pour tuer le bioagresseur attiré par les phéromones (technique attract and kill). La production du bioagresseur est alors stoppée. Les pièges contenant des phéromones et des pesticides ne sont réservés qu’aux professionnels.
Pour le jardinage, il existe des capsules de phéromone que l’on peut placer dans des pièges vendus en jardinerie ou certains sites internet. Les capsules en vente pour les particuliers seraient susceptibles de neutraliser le ver de la carotte du panais et du céleri, la teigne du poireau de l’ail et de l’oignon, le ver fil de fer (taupin), le ver gris (noctuelle) de la tomate et du chou, et la tordeuse très polyphage qui occasionne des dégâts considérables dans les cultures maraîchères et fruitières. Les pièges et capsules de phéromones (prix variant de 15 à 40 €) sont disponibles dans les jardineries ou en cliquant ici. Ces pièges doivent être placés dès avril avant l’attaque prévisible des bioagresseurs et il est vivement conseillé d’en poser plusieurs.
Ce molluscicide (anti-limaces) bien connu en jardinerie est vendu sous différentes appellations commerciales. Il se présente sous la forme d’appâts efficaces contre un grand nombre d’escargots et de limaces. Il a l’avantage de respecter les animaux domestiques. Mais, il attire aussi les fourmis qui l’entraînent dans leurs nids. Certains jardiniers amateurs le combinent avec un pyréthrinoïde à faible dose pour éviter cet inconvénient.
Cette préparation fabriquée par une société française est un fongicide et insecticide se présentant sous la forme d’une solution aqueuse comprenant comme matières actives du soufre et des sels de potassium d’acides gras. Ces derniers sont des insecticides de contact agissant sur la perméabilité de la cuticule des insectes. Ces substances sont considérées comme n’étant pas dangereuses pour l’environnement. Réservé pour le traitement des parties aériennes des plantes d'intérieures, balcons, terrasses, jardin... C’est un produit préventif ou curatif pour combattre les insectes et maladies suivants : Pucerons, cochenilles, aleurodes, oïdium, maladies des taches foliaires. Vendu sous l’appellation « INSECTES ET MALADIES CPJ ». Il existe une préparation ne contenant que des sels de potassium d’acides gras vendue sous l’appellation « PUCERONS CPJ » pour le contrôle des pucerons sur plantes d’intérieur. Disponible en cliquant ici.
Les attaques de la mouche de la cerise et la mouche de l’olive peuvent être limitées par une barrière physique à base d’argile blanche. Certains produits sont limités aux professionnels. La préparation dénommée "Argi-jardin" est destinée aux particuliers.
Certains virus parasitent des bioagresseurs. Ils ne présentent aucun danger pour l’homme. Les préparations contenant ces virus sont surtout réservées aux traitements de quelques variétés d’arbres fruitiers. Leur emploi est autorisé en dehors de la présence d’abeille. Des préparations sont maintenant disponibles pour le jardinier amateur qui dispose de quelques arbres fruitiers. Le produit agit par ingestion. Les larves ciblées sont le carpocapse des pommes et des poires et la tordeuse orientale du pêcher. Les larves se contaminent en ingérant le virus quand elles s’alimentent en rongeant les feuilles traitées. Ensuite, le virus se multiplie dans le corps de la larve, provoque une anorexie puis la mort de la larve. Ce produit est vendu sous plusieurs appellations commerciales (CARPOVIRUSINE, MADEX PRO).
Les nématodes sont des petits vers microscopiques qui vivent à l’état naturel dans le sol. Certains de ces nématodes parasitent les plantes potagères, et d’autres sont des prédateurs de bioagresseurs. Ces derniers sont donc très intéressants pour réduire les populations d’insectes ravageurs, les limaces et escargots, les vers gris qui rongent les racines, les fourmis, les doryphores qui dévorent les feuilles des pommes de terre… Les nématodes utiles se déplacent dans la terre à la recherche de leurs proies pour se reproduire. Un bioagresseur infecté finit par dépérir et mourir. Les nématodes partent alors à la recherche de nouvelles proies. Ces auxiliaires utiles n’infectent que certains bioagresseurs et ils ne présentent aucun danger pour l’homme et les animaux domestiques. La population de nématodes étant souvent insuffisante pour combattre des bioagresseurs, un renforcement de leur densité dans le sol par l’importation d’une culture de nématodes a pour conséquence d’augmenter la protection des plantes potagères (préventive ou curative). Toutefois, cette action préventive qui dure quelques semaines dépend de plusieurs facteurs comme l’humidité et la température du sol.
Les nématodes sont vendus sous la forme d’une poudre à diluer dans de l’eau versée dans un arrosoir pour traiter les plantes potagères, ou dans un pulvériseur pour les arbres fruitiers. Il faut au préalable humidifier la terre ou les arbres fruitiers. L’humidité d’un arbre fruitier doit être maintenue quelques jours.
Certaines cultures de nématodes sont spécifiques des limaces et sont efficaces pour protéger les salades et les fraisiers. D’autres nématodes sont capables de réduire les populations de carpocapse qui infectent les pommes, les poires et les noix. Il existe aussi des pièges pourvus de nématodes susceptibles de protéger les framboisiers, les fraisiers, olivier, arbuste d’ornement contre l’otiorhynque (Otiorhynchus). Ce ravageur est un petit charançon nocturne qui ne vole pas, de couleur noire ou marron foncé. Leur tête est pourvue d'un rostre et de 2 longues antennes en forme de massue à leur extrémité. C’est un ravageur de plantes tant à l'état adulte que larvaire. Pour plus d’informations sur ce ravageur, cliquez ici.
Pour plus d'informations sur l'utilisation et l'achat de culture de nématodes, cliquez ici.
1) Art L.253-6 du CRPM
2) https://www.anses.fr/fr/system/files/phyto/evaluations/XEDATHANE2_PAMM_2013-0386_Ans.pdf
3) Anses– dossier n° 2012-1545 – 27 septembre 2012
4) http://www.jade-international.fr/produits/beloukha
5) Autorité européenne de sécurité des aliments (2012). "Conclusion sur l'évaluation par les pairs de l'évaluation du risque de pesticide de la substance active Bacillus thuringiensis subsp. Kurstaki (souches ABTS 351, PB 54, SA 11, SA 12, EG 2348) »
7) INRA- Insectes et cultures - Utilisation des biopesticides contre les ravageurs des cultures : le point sur Bacillus thringiensis – J Chaufaux
8) https://www.anses.fr/fr/system/files/phyto/evaluations/ACTIROBB_ACC_2017-1506_Ans.pdf
9) Utilisation du soufre = baisse du pH - Alain Delhaye Sté Altafide ; Golfe de Taulane - http://www.ecoumenegolf.org/BGazon/Utilisation%20du%20souffre%209.PDF