Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Biocontrôles
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⇒ Contre les pucerons
Les pucerons sont connus pour appartenir au groupe des bioagresseurs qui causent le plus de dégâts en agriculture. Il existe plusieurs variétés dont la dimension à l’âge adulte varie de 1,7 à plus de 4 mm. Les pucerons sont polyphages et passent facilement sur un hôte de substitution quand ils ne trouvent pas leur proie de prédilection.
Le puceron du pêcher (Hyalopterus pruni) est l’un des pucerons les plus polyphages. Si ses hôtes primaires sont les arbres du genre prunus, il affectionne également un grand nombre d’hôtes secondaires parmi lesquels de nombreux légumes : tomates, poivrons, pommes de terre, laitues, épinards, carottes, courgettes, melons, fraisiers… A noter que ce puceron n’hésite pas à envahir certaines mauvaises herbes comme les orties et les graminées sauvages. Ce puceron est aussi un vecteur d’une centaine de virus contre lesquels il n’existe aucun moyen de lutte curatif comme le virus de la mosaïque de la laitue, et la redoutable sharka du prunier (Plum pox virus).
Les maraichers ne sont pas les seuls à subir de gros débats suite à une invasion de pucerons. Il est bien connu que les pucerons et les cicadelles sont friands des plantules de blé tendre et d’orge. Ces insectes transmettent par leurs piqûres des virus fortement préjudiciables (virus de la jaunisse nanisante affectant en particulier l’orge et le blé pour le puceron, virus de la maladie des pieds pour la cicadelle) avec quelquefois des pertes de rendement catastrophiques si l’agriculteur n’intervient pas au bon moment par des traitements appropriés.
Pucerons jaunes sur jeune tiges de laurier rose
Il n’est pas toujours astucieux d’attendre que les coccinelles indigènes interviennent dans un jardin pour réguler les pucerons. Les piqûres des pucerons peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur certains végétaux. Les blessures causées par leurs piqûres sont des portes ouvertes à tous les agents pathogènes (champignons, bactéries et virus). En prélevant une partie de la sève, les pucerons affaiblissent les défenses naturelles de la plante qui ne sont déjà pas très vigoureuses à la sortie de l’hiver. Les infections qui prennent naissance dans les blessures provoquées par les pucerons continuent à évoluer après la disparition des pucerons.
En arboriculture, il est connu que les pucerons, punaises et cicadelles disséminent le feu bactérien. Il n’existe pas de traitement curatif contre cette maladie redoutable. Le mal étant fait, il faut alors utiliser les grands moyens pour empêcher que l’infection se propage quand c’est encore possible : la taille des organes malades et les traitements curatifs à base de pesticides quand la taille est insuffisante.
Avant d’arriver à de telles extrémités, il est facile de comprendre qu’il est préférable d’intervenir rapidement contre ces ravageurs dès les premiers signes de colonisation par l’importation de leurs prédateurs que l’on peut commander dans certains magasins de jardinage ou sur des sites internet.
Pour réduire la nuisance des pucerons, certains partisans des méthodes biologiques préconisent les jets d’eau, les décoctions de rhubarbe, les barrières physiques à l’aide de savon liquide, et d’autres encore, car la liste des remèdes de nos grands-parents qui ont tout essayé avant l’invention des pesticides de synthèse est longue. Depuis 48 ans que je cultive un jardin et des arbres fruitiers, j’ai tenté toutes ces méthodes seules ou en combinaison, et j’ai à chaque fois obtenu des résultats médiocres.
Pucerons noirs sur haricot vert
Les pucerons transmettre des virus aux plantes parasitées selon un mode persistant ou non persistant. Les viroses sont incurables. Le puceron vert du pois transmet le virus Y vers la pomme de terre ou le concombre selon un mode non persistant, c.-à-d. que le puceron transmet l’infection en piquant un hôte déjà infecté puis le transmet à une autre plante. Ensuite, le puceron finit par perdre le virus. Dans le mode persistant, le virus effectue un cycle dans le corps du puceron avant d’être transmis quand il se retrouvera dans les glandes salivaires. Il risque alors de transmettre le virus à de nombreuses plantes. Certains pucerons conservent des virus dans leurs corps durant toute leur vie comme le virus SCV du fraisier.
Des pucerons permettent à certains agents pathogènes de migrer d’une variété potagère à une autre. Par exemple, le fraisier sauvage est la plante hôte par excellence des virus SMoV, SMYEV, SVBV, SCV transmis par le puceron Chaetosiphon fragariafolii vers les fraisiers domestiques.
Les pucerons transmettent une virose particulièrement dévastatrice chez les cucurbitacées. Il n’existe à ce jour aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler cette infection virale en plein champ. Une plante infectée par le virus de la jaunisse des cucurbitacées (CABYV ; Cucurbit aphid-borne yellows virus) transmis par des pucerons, le restera donc toute sa vie. En premier lieu, il faut désherber les abords de la parcelle de culture pour éliminer les sources de virus qui prospèrent sur les adventices. La culture sous film plastique retarde de quelques semaines l’invasion des pucerons vecteurs du CABYV. Pour les melons, on peut protéger les jeunes plants à l’aide de filet anti-insectes, mais cette protection doit être enlevée dès l’apparition des premières fleurs. En cas d’invasion du puceron gossypii (puceron du melon et du cotonnier) et en l’absence d’introduction de prédateur efficace, l’usage de pesticides devient indispensable.
Courgette de Nice atteinte par le potyvirus transmis par des pucerons
Plusieurs espèces de pucerons se développent fréquemment sur la tomate et sont responsables de la transmission de plusieurs viroses, dont le « Tomato chlorosis virus » originaire des États-Unis, ToCV (virus de la chlorose de la tomate) présent surtout dans le sud de la France.
En cas de fortes températures, les pertes de larves de coccinelles au cours du transport peuvent être importantes. Il est préférable d’importer des adultes surtout pour protéger des cultures sous abris. Par contre, l’importation de larves de coccinelles qui ne peuvent émigrer vers d’autres plantes s’avère plus pratique pour protéger des cultures en plein air le temps que ces larves s’adaptent à leur nouvel environnement. En outre, au printemps, il faut souvent plusieurs jours pour obtenir des coccinelles le temps nécessaire pour qu’elles se reproduisent chez l’éleveur (certains producteurs précisent sur leur site internet si leurs coccinelles sont disponibles et sont alors livrées immédiatement).
Vous pouvez aussi tenter de récolter des coccinelles dans la nature en sachant que certaines coccinelles préfèrent les cochenilles, les acariens, les aleurodes et d’autres les pucerons, voire qu'une seule espèce de pucerons. En culture sous abris, il est plus facile d’obliger certaines coccinelles adultes à s’orienter vers une autre forme de pucerons.
Sur certains sites internet, il est prétendu que là où il y a des pucerons, les coccinelles ne tardent pas à arriver et qu’au final, les pucerons finiront par disparaître. Toute pullulation d’un bioagresseur finit effectivement par favoriser le développement de ses propres prédateurs. Ainsi, une régulation naturelle s’installe réduisant progressivement la population des pucerons. Mais, ce phénomène de régulation se constate à la fin du printemps voire, au début de l’été, ce qui peut être un problème grave pour les cultures. Cette régulation est tardive pour la raison suivante :
La coccinelle apparait et survit dans la nature quand la température moyenne est de 10 à 15° (9 à 12° pour la coccinelle asiatique) ; c’est d’ailleurs pour cette raison que les vendeurs de coccinelles conseillent d’introduire ces insectes quand la température extérieure est de 12°C minimum (1). Quant au puceron, ce dernier émerge quand la température moyenne est de 4°C (2). Il y a donc un décalage dans l’apparition des pucerons et des coccinelles. Ce décalage existe aussi pour les syrphes qui cessent de se reproduire à une température égale ou inférieure à 15°. Ce décalage est-il préoccupant ? Certainement quand ce décalage atteint plusieurs semaines et que les pucerons sont porteurs de virus. Les dégâts sur les cultures peuvent alors être très importants nécessitant un traitement préventif contre les pucerons.
Les auxiliaires utiles ont une plus ou moins grande spécialisation vis-à-vis de leurs proies. Certains auxiliaires utiles sont monophages exclusives et d’autres polyphages avec souvent des préférences marquées et c’est aussi le cas des coccinelles. Par exemple, les coccinelles à 2 et 7 points préfèrent les pucerons même si elles peuvent occasionnellement se contenter d’autres proies quand la population de pucerons se raréfie. D’autres coccinelles (Chilocorus bipustulatus) ont une préférence marquée contre les cochenilles. La coccinelle Delphastus pusillus préfère les aleurodes et la coccinelle Stethorus Pusillus les acariens. La coccinelle asiatique est connue pour être très polyphage pouvant se nourrir de différents pucerons, d’œufs, de papillons et même de larves d’autres coccinelles. Cette plus ou moins grande spécialisation des coccinelles peut être exploitée pour cibler des bioagresseurs avec un minimum d’impact sur la biodiversité. C’est ainsi que certains éleveurs d’auxiliaires utiles se sont spécialisés dans la production notamment de certaines coccinelles pour combattre spécifiquement les pucerons ou les aleurodes.
En automne, les coccinelles adultes cherchent un endroit pour hiverner. Elles sont souvent réunies en groupes, serrées les unes contre les autres. Dans un abri sec (comme l’isolation des combles), les coccinelles peuvent résister plus facilement aux attaques du beauveria redoutable champignon également connu pour parasiter le ver à soie (les pertes de coccinelles peuvent atteindre 70 % dans un endroit humide et/ou en cas de fortes gelées). Au printemps, les coccinelles se réveillent et après accouplement, la femelle pond de 30 à 50 œufs en dessous des feuilles à proximité des colonies de pucerons. Ces œufs de forme allongée avec une couleur blanc-jaunâtre sont minuscules et sont donc difficiles à observer. Après incubation (environ 7 jours), des larves naissent et sont tout de suite très actives. Elles sont difficiles à observer la première semaine et peuvent même se confondre avec des pucerons noirs qui infectent certaines plantes. En fonction du volume de nourriture présent sur les lieux, les larves de coccinelles se développent en l’espace de 3 à 4 semaines, connaissent 4 mues avant de se transformer en chrysalides. La nymphose dure 8 jours pour engendrer des adultes dont la durée de vie est environ de 3 mois à 1 an.
Tout traitement faisant appel à des procédés physiques pour tuer des pucerons comme la pulvérisation de savon de Marseille ou à des extraits de plantes (pyréthrine, huile de neem), exterminera également les larves de coccinelles.
Quand les colonies de pucerons se raréfient, les coccinelles se nourrissent d’autres proies telles que les thrips, les psylles, les cochenilles et les aleurodes, les larves de certaines guêpes, de diptères, de chenilles de papillons, voire d’autres espèces de coccinelles, car elles sont cannibales. Les coccinelles peuvent aussi se nourrir du pollen et du nectar des fleurs quand elles ne trouvent plus de proies. Dans ce cas, elles cessent de se reproduire.
On considère que les coccinelles ont peu de prédateurs. Les larves de coccinelles peuvent être attaquées par des guêpes parasitoïdes polyphages (ptéromalides) qui déposent des œufs à l’intérieur de leurs corps. Les ptéromalides parasitent également les psylles, les cochenilles, les pucerons et certaines espèces sont utilisées dans la lutte biologique. Les araignées et les oiseaux se nourrissent également de coccinelles. Mais les coccinelles se reproduisent rapidement quand leur nourriture est abondante. Dans ce cas, une femelle coccinelle pond environ 50 œufs par jour. On estime qu’environ 1000 œufs sont pondus durant toute la vie d’une coccinelle.
Les fourmis qui se nourrissent du miellat secrété par les pucerons sont connues pour défendre les pucerons contre leurs ennemis. Un nid de fourmis présent dans un abri anti-insectes se traduit rapidement par une réduction des coccinelles introduites par le cultivateur pour lutter contre les pucerons. Il est probable que les larves de coccinelles sont détruites par les fourmis. Il donc est recommandé d'éliminer les fourmis en traitant leurs nids avec des pyréthrines (ou pyréthrinoïdes) ou des nématodes en vente par exemple à cet endroit ou encore ici. Des barrières de glue disposées autour des troncs d’arbre quand ces derniers sont fréquentés par des fourmis sont également efficaces.
Si vous décidez d’importer des coccinelles dans votre jardin, il faut effectuer la commande quand les pucerons sont déjà présents sur les cultures, sinon les coccinelles mourront de faim. Mais, il ne faut pas attendre qu’une culture soit envahie quand elle présente des signes de maladie transmise par les pucerons. Les coccinelles n’agissent pas aussi rapidement qu’un pesticide et il faut attendre qu’elles se reproduisent pour constater une réduction significative de l’invasion.
Manifestation du virus PSbMV(encore dénommé mosaïque) importé par des pucerons, sur feuilles de haricot vert
En cas de fortes températures, les pertes de larves de coccinelles au cours du transport peuvent être importantes. Il est préférable d’importer des adultes surtout pour protéger des cultures sous abris. Par contre, l’importation de larves de coccinelles qui ne peuvent émigrer vers d’autres plantes s’avère plus pratique pour protéger des cultures en plein air le temps que ces larves s’adaptent à leur nouvel environnement. En outre, au printemps, il faut souvent plusieurs jours pour obtenir des coccinelles le temps nécessaire pour qu’elles se reproduisent chez l’éleveur (certains producteurs précisent sur leur site internet si leurs coccinelles sont disponibles et sont alors livrées immédiatement).
Certains pucerons se logent dans les racines de légumes ; ils sont dénommés "pucerons des racines » ou encore « pucerons lanigères". Ces pucerons produisent une sécrétion cireuse constituée de filaments cotonneux recouvrant l’insecte. Ces colonies de pucerons se rencontrent aussi sur les racines de nombreuses mauvaises herbes entourées de nids de fourmis qui se nourrissent de leurs éjectas sucrés. Dans la nature, ces pucerons sont très présents, mais, comme ils se développent sur les racines, ils ne sont pas faciles à détecter.
Les pucerons des racines sont des ravageurs polyphages des cultures fruitières, maraîchères et ornementales. Certaines variétés de pucerons lanigères (Eriosoma lanigerum) ont aussi une vie aérienne. Des colonies importantes peuvent se former sur les branches du pommier que ces pucerons affectionnent jusqu’à former des chancres infectés de champignons. Certains pucerons sont associés aux peupliers (Phloeomyzus passerinii) et ont besoin de deux hôtes pour accomplir leur cycle de reproduction ; l’hôte primaire le peuplier noir et les hôtes secondaires sont souvent l’artichaut, le céleri à boule, les salades frisées, les endives, les carottes. À la fin de l’été, les femelles ailées migrent sur les peupliers pour former des galles et pondre leurs œufs.
Pucerons lanigère retirés d’une racine de carotte
Les pucerons lanigères peuvent engendre des dégâts importants dans les cultures. Ainsi en 2002-2003, une espèce de pucerons lanigères fut le principal problème sanitaire rencontré dans le nord de la France sur les cultures d’endives. La plupart des coccinelles ne les attaquent pas sauf si elles sont maintenues dans un milieu clos et s’il n’y a pas d’autre puceron. Elles vont alors attaquer les pucerons qui sortent des racines pour infecter d’autres plantes. La coccinelle à virgule (Exochomus quadripustulatus) est connue pour s'attaquer à de nombreuses proies à corps laineux comme le puceron lanigère du pommier (en vente en cliquant ici). Elle se nourrit également d'autres pucerons et on la rencontre quelquefois dans les jardins. J'ai remarqué qu'une plante potagère sujette aux pucerons de racine comme le céleri à boule cultivé sous un voile anti-insectes peut être protégée par l’import de quelques coccinelles. Après disparition des pucerons lanigères, il faut de temps en temps apporter une plante en pot couverte de pucerons pour entretenir la population de coccinelles.
Une mouche se nourrit des pucerons lanigères. Il s'agit de la mouche des herbes dénommée "diptère chloropide" qui est le seul prédateur connu dans la bibliothèque de l'INRA contre ce ravageur des racines. C'est une petite mouche qui pond des œufs à proximité des racines infestées. Les asticots de 1 à 7 mm de longueur de couleur blanchâtre se nourrissent de pucerons.
La coccinelle à 7 points (Coccinella. septempunctata L.) mesure entre 5 à 8 mm de long à l’âge adulte et se rencontre très souvent dans toute la France. Elle est souvent reproduite dans les élevages en raison de sa polyphagie très étendue et parce qu’elle se reproduit très facilement dans un milieu fermé. Cette coccinelle manifeste une certaine préférence pour le puceron vert du pécher et le puceron noir de la fève, mais elle se nourrit d’autres pucerons quand elle ne trouve pas ses proies favorites. Dans la nature, on trouve surtout cette coccinelle sur les plantes basses et herbacées quand ces dernières sont envahies de pucerons. En automne, les adultes se rassemblent sur des hauteurs pour passer l’hiver. La ponte intervient 7 à 15 jours après l’accouplement et les œufs longiformes de couleur jaune mesurant 1,3 mm de long, sont déposés à proximité des colonies de pucerons. Quand la nourriture est abondante, une femelle pond environ 50 œufs par jour soient 500 à 1000 œufs durant sa vie. Le stade larvaire dure environ 18 jours pour donner naissance à une nymphe qui produira un adulte 8 jours plus tard. La coccinelle à 7 points est connue pour son comportement migratoire et passe facilement dans un autre territoire quand ses proies se font rares. Son élevage doit donc être effectué dans un abri fermé. On peut élever la coccinelle à 7 points de cette manière :
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Dans des cages de 40 à 50 cm de côté constituées d’un grillage recouvert d’un voile empêchant les insectes de migrer (mousseline, filet anti-insectes…). L’entrée située en haut de la cage n’est pas grillagée et le voile de protection est fermé par un élastique. Cela permet d’introduire des pots contenant des fèves ou graines de radis germées dans un substrat de copeaux de bois humidifiés ou de terreau. Les pots sont introduits dans les cages quand les plantes sont suffisamment recouvertes de pucerons. Dès l’apparition des premiers œufs, ces derniers sont isolés et placés dans d’autres boites de manière à obtenir environ 50 adultes par boite.
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En plein air, mais dans des abris constitués d’arceaux et recouverts d’un filet anti-insectes. Au préalable, il faut cultiver des plantes qui prennent facilement le puceron tel que le radis ou le navet. Les pucerons que l’on trouve abondamment un peu partout dans la nature début printemps (capucines, œillets d’inde, hibiscus, ciboulette, haricot nain…) sont importés dans l’abri. Un apport d’azote sur les végétaux favorise le développement des pucerons.
L’introduction des pucerons dans les systèmes d’élevage est effectuée lorsque la colonie de pucerons est suffisamment abondante. Dans le cas contraire, les larves de coccinelles deviennent cannibales et la production d’adultes sera dérisoire.
Dans les méthodes bios, le purin de fougère, la décoction de tanaisie, le purin d’ortie font partie des recettes appartenant aux "préparations peu préoccupantes" censées remplacer les pesticides de synthèse. Elles sont surtout peu préoccupantes pour les pucerons des racines en raison de leur inefficacité. Tant qu’on n’aura pas de méthode de biocontrôle efficace pour les infections en plein air, les pulvérisations de deltraméthrine à la base des racines resteront le mode de traitement le plus approprié pour se débarrasser de ce bioagresseur quand il devient agressif. Mais, c’est surtout au moment du premier vol des insectes adultes provenant des peupliers qu’il faut traiter. Les décoctions et purins de plantes ne servent à rien quand les plantes sont cultivées sous abri-anti-insectes. Il suffit d’introduire des coccinelles dès que possible pour se débarrasser de ce problème. Car les coccinelles sous abri finissent toujours par dévorer tout ce qu'elles trouvent quand elles leurs proies favorites disparaissent.
À noter que les préparations à base d’huile de colza (homologuée dans la liste des produits phytosanitaires de biocontrôle) semblent efficaces contre le puceron lanigère sous réserve de dégager les collets des plantes souvent recouverts de terre apportée par les fourmis et d’effectuer plusieurs pulvérisations espacées d’une ou deux semaines.
Pour préserver l’implantation locale de coccinelles régionales ou importées, des abris pour insectes destinés à les protéger en hiver sont vendus dans les magasins de jardinage. Des sites internet et des livres expliquent comment construire ces abris de protection. Mais, en région méditerranéenne, vous n’êtes pas obligé de confectionner ces abris si votre jardin est situé à proximité d’une construction moderne. En automne, les coccinelles recherchent effectivement des abris naturels pour hiverner. Sachez qu’elles trouvent facilement refuge dans les matériaux isolants présents dans les greniers et combles en empruntant les minuscules orifices entre les tuiles. Quand des tuiles reposent sur des génoises, il existe souvent des ouvertures importantes donnant directement accès aux matériaux isolants des combles où vont se réfugier les coccinelles pour passer confortablement l’hiver. La présence de coccinelles au printemps suivant est assurée si vous avez entretenu un élevage de coccinelles tout l’été et surtout, si vous n’avez pas utilisé de pesticide contre les pucerons, y compris de solution à base de savon de Marseille qui tue aussi les larves de coccinelle.
Pour aider les coccinelles à passer l’hiver, il est possible de les introduire dans des bocaux aérés placés dans un garage non chauffé et si la température ne descend pas en dessous de -5°. Cela permet de disposer d’un stock de coccinelles immédiatement disponibles dès l’apparition des pucerons au début du printemps et qui pullulent sur certaines cultures (comme les arbres fruitiers dès l’apparition des premières feuilles).
Les bocaux doivent contenir une ouate humidifiée. Les coccinelles ont besoin d'un peu d'humidité pour survivre par dépôt de quelques gouttes d'eau non chlorée sur l'ouate qui doit toujours rester humide. L'ouverture de chaque bocal est protégée par un voile anti-insecte fixé par un élastique afin de laisser passer l'air. Comme les êtres humains, les coccinelles respirent et produisent du gaz carbonique, un gaz lourd qui a tendance à se concentrer au fond du bocal. Chaque bocal doit donc être positionné sur le côté afin d’évacuer plus facilement le gaz carbonique.
Dès l'apparition des premiers froids de l'automne, les coccinelles entrent en diapause. Elles semblent mortes, mais elles commencent à bouger au début du printemps quand la température à l'intérieur du garage augmente. Durant la période d'hibernation, il est impératif de vérifier de temps en temps la réserve d'humidité du récipient. Attention ; l'absence d'humidité durant la période de diapause engendre de nombreuses pertes. Quand la température descend, les coccinelles ont tendance à se rassembler en tas que l’on peut favoriser en introduisant dans le bac quelques feuilles de papier froissées pour former des abris.
Un élevage peut être victime de pertes importantes et brutales probablement provoquées par des maladies microbiennes. Il est préférable d'utiliser plusieurs bocaux éloignés des uns et des autres et contenant une cinquantaine de coccinelles afin de limiter les pertes produites par des infections.
Pour passer l’hiver, les coccinelles font des réserves de lipides et glucides dans leurs tissus qui seront consommées rapidement si la température d’un abri est trop élevée. Afin de renforcer leurs réserves énergétiques, on alimente les coccinelles avec du miel déposé en une très fine couche sur une feuille de papier comme le montre la photo de gauche. Cette alimentation doit être renouvelée au printemps environ tous les 3 jours tant que les coccinelles ne sont pas replacées sur des végétaux parasités par des pucerons. En sortie d'hiver, on peut ainsi conserver des coccinelles jusque fin mai.
Un stock de coccinelles peut être conservé de la même manière en plein été pour faire face à une éventuelle attaque brutale de pucerons sur des cultures en plein air.
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