Initiation aux méthodes intégrées au jardin potager
Chapitre : Biocontrôles
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⇒ Contre les acariens, trips, punaises
Les acariens se distinguent des insectes notamment parce qu’ils ont 4 paires de pattes et ils sont en quelque sorte de proches parents des araignées. Les acariens phytophages sont minuscules (environ 2 mm) et ils se nourrissent des cellules des feuilles. Les tétranyques tisserands, parfois appelés araignées jaunes ou rouges, sont parmi les espèces les plus nuisibles. On les rencontre dans les vergers de pommiers, dans les vignobles ou dans les cultures maraîchères.
L’Acariose bronzée (Aculops lycopersici) également dénommée « acarien virgule » se rencontre sur les tomates et les pommes de terre. L’adulte, de couleur orange, se déplace très lentement. Leur présence provoque un dessèchement de la plante pouvant se confondre avec une autre maladie comme l’alternariose.
Les prédateurs naturels des acariens sont des coccinelles, des punaises, des chrysopes et des acariens phytoséiides. Ces derniers sont caractérisés par une productivité élevée et un cycle biologique très court de l’ordre d’une semaine lorsque la température atteint 25°.
En cas d’infection importante, la lutte biologique est entreprise en particulier au Canada en transférant des souches sauvages d’acariens prédateurs prospérant dans des vergers réservoirs, vers des cultures où ces prédateurs utiles sont absents. L’implantation d’acariens prédateurs est très efficace et permet de réduire jusqu’à 100 % le coût des acaricides. Pour les cultures maraîchères, il est possible d’importer une souche d’acarien Phytoseiulus persimilis qui est un grand amateur d’araignées rouges en vente sur des sites internet.
Astuce :
On peut nourrir une colonie d’acariens phytoséiides avec du pollen provenant du roseau à massette qui est une plante herbacée présente près des étendues d'eau douce ou des cours d’eau. Les Inflorescences de forme allongées et de couleur brune produisent beaucoup de pollen qui peut être utilisé pour faire une sorte de pain. La stratégie la plus courante est basée sur des introductions fréquentes d’un faible nombre d’acariens afin d’éviter des interactions négatives avec d’autres auxiliaires utiles.
Les trips sont des minuscules insectes difficiles à observer, de 1 à 2 mm de long. Ils piquent les feuilles pour se nourrir du contenu de leurs cellules. Les thrips sont vecteurs de virus comme la maladie bronzée de la tomate. D’autres légumes peuvent être envahis par ce bioagresseur comme les choux, les haricots verts, les concombres. Sa présence se manifeste par l’apparition de petites taches grises ou des marbrures grisâtres correspondant à des zones de cellules végétales vidées de leur contenu et remplies d’air. Sur les feuilles de la tomate, on aperçoit de petites taches gris clair. Les thrips n’aiment pas l’humidité et on peut donc s’en prévenir en humidifiant souvent les feuilles quand le temps est chaud et sec.
Pour les plantes cultivées en serre, il est courant d’importer des punaises (orius), de même que l’acarien Amblyseius cucumeris (syn. Neoseiulus cucumeris) de couleur beige d’environ 0,5 mm de longueur, ou encore le nématode Steinernema feltiae. Il est conseillé d’introduire sur les tomates l’acarien Amblyseius cucumeris en début de production.
Les nématodes Steinernema feltiae sont des vers microscopiques spécifiques qui parasitent des larves d’insectes vivants dans le sol et les thrips. Les auxiliaires utiles ne sont pas attaqués. Ces nématodes peuvent aussi être utilisés contre les fourmis, le ver du poireau, les carpocapses des pommes, des poires et des prunes. Ils sont disponibles par exemple en cliquant ici.
Cicatrices jaunes sur une tomate causées par des piqûres de punaises
Punaises Nezara viridula adulte et juvénile, trouvées sur une tige d’hibiscus. Cette punaise affectionne également les haricots, tomates, aubergines...)
Certaines punaises rencontrées dans le jardin sont des insectes piqueurs et polyphages. D’autres punaises sont carnassières et omnivores. Pour cette raison, un risque confusion étant possible, il est quelquefois évoqué dans certains livres de jardinage de ne pas détruire les punaises.
Si une méprise est possible avec certaines punaises plus ou moins utiles (comme le pyrrhocore encore dénommé « gendarme » qui se nourrit d’œufs d’insectes, de graines), il est quand même facile de distinguer les punaises nuisibles qui ont tendance à se regrouper sur des plantes potagères comme les tomates et certains arbustes des jardins d’agrément comme les hibiscus qui deviennent alors de véritables réservoirs de ces bioagresseurs.
La punaise verte Nazera viridula est très présente en région PACA et elle peut être responsable de dégâts importants au potager. Cette punaise a émigré dans le nord de la France depuis une vingtaine d’années. Cette punaise a la particularité de rejeter un composé volatil mal odorant dès qu’on la touche. On rencontre fréquemment ces punaises sur des tomates mûres qui sont alors couvertes de cicatrices jaunes avec perte de leur qualité gustative. Ces tomates sont le plus souvent invendables.
En agriculture biologique, il n’y a pas beaucoup de solutions contre ces punaises nuisibles sauf les préparations en base de pyréthrine. Et encore ; certains maraichers bio ont connu des échecs avec les insecticides homologués dans cette filière. Aux USA, une mouche (Trichopoda Pennipes) est utilisée comme procédé de biocontrôle, mais ne semble pas être disponible en France pour les jardiniers amateurs. Importée en Europe, on peut quelquefois la rencontrer dans un jardin d'agrément ou un potager.
Tous les répulsifs préconisés sur des sites internet tels que les pulvérisations d’extraits d’ails, de menthe, de tanaisie, de cataire ou contenant des huiles essentielles sont peu ou pas du tout efficaces. Un répulsif ne fait que d’écarter le problème. Les bioagresseurs iront se nourrir à proximité des cultures pour se reproduire bien souvent à quelques mètres, et finiront par revenir en force dans votre potager à la première occasion.
En outre, vos voisins sont-ils disposés à recevoir vos punaises ? Et si vos voisins décident d’utiliser des répulsifs, serez-vous ravi de retrouver ces punaises (ou d’autres prédateurs) dans votre jardin ?
Si vous n’avez pas la possibilité de ramasser les punaises nuisibles, l’huile de colza estérifié (faisant partie des produits phytosanitaires de biocontrôle) est plus ou moins efficace sous réserve de renouveler plusieurs fois le traitement avec une dose de 30 ml/m² pour un litre de solution à pulvériser.
L’introduction accidentelle de Nazera viridula à l’intérieur des serres n’est pas exceptionnelle. Il est alors difficile de contrôler la population de ce bioagresseur qui se retrouve dans les meilleures conditions pour se développer. Comme cette punaise déteste le froid, l’on peut tenter de se débarrasser de ce bioagresseur en ouvrant les serres dès les premières gelées et après avoir enlevé tous les détritus organiques présents sur le sol suivi d’un labour.
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